Quand je me suis retrouvée dans cet environnement étrange qu’est la France, mon désir et ma curiosité de découvrir ce pays était jaillissante. J’ai commencé à me faire des amis et tenter de chercher l’amour, de trouver mon âme sœur. Si on considère la vie comme un voyage, avec qui acceptes-tu de voyager ? 

 

La plus grande différence des modes de vie entre l’Europe et l’Asie est l’amour est la sexualité. Cette question m’as pris énormément d’attention. Pour la génération de mes parents, au départ on commence à faire connaissance, puis l’on s’aime, on visite les parents de chacun, on se marie et enfin on pouvait avoir une sexualité et faire des enfants. A une époque plus ancienne, les femmes n’avaient pas le droit de sortir de la maison avant le mariage, ne sachant même pas, parfois, avec qui elles devaient se marier puisque tout était décidé par la famille. Aujourd’hui, l’époque est très différente, surtout à Paris. Deux personnes ne se connaissant pas peuvent avoir une sexualité semblable à un entretien d’affaire s’il se sont mis d’accord.

 

Ceci est une série de 108 photographies de ma chambre, là où se sont déroulées mes histoires sexuelles. Chaque histoire était différente, la question se posait ainsi, « est ce que c’était l’amour qui m’avait indiqué de pratiquer une sexualité ou était-ce la sexualité qui me faisait ressentir l’amour ? Je ne m’en sortais pas de cette question, la chambre où se déroule notre sexualité est un lieu inconnu que nous ne pouvons pas imaginer. Je me mets comme actrice de ma vie et en même temps auteure de mon histoire d’amour.

 

Ces photos ont été prises en secret avec une montre-photo, avant, pendant ou après l’acte sexuel, comme une note à moi-même pour ne pas oublier mon sentiment de présence. On peut distinguer les photos prises le matin, l’après midi ou le soir. A quelle heure ? Avec qui ? Elles sont toutes mélangées ensemble, c’est une façon de défaire le réel de ma vie quodidienne. Le plafonnier a une forme très féminine, les plis sur les draps montre la gestion corporelle et l’empreinte sexuelle. L’ordre d’organisation des photos donne une vision d’infini (certaines photos du plafonnier ont un point de vue proche, ayant été zoomées après l’acte sexuel, étant autant émotionnelles que narratives).

Sur les photos blanches, on retrouve de petits morceaux de mon histoire, indiquant le moment où j’ai  décidé de me séparer de la personne, à cause des différences de mode de vie.

 

J’ai découvert le monde entier ainsi que moi-même. Ma recherche de l’amour est également une manière de me chercher moi-même, ma façon d’être étant renvoyée par les autres tel le reflet du miroir.